La gestion des milieux aquatiques en Europe est guidée par la directive n° 2000/60/CE, retranscrite en France par la loi sur l’eau et les milieux aquatiques de 2006. Cette politique, visant à améliorer et à rétablir le bon état écologique des eaux, est déclinée dans les schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE) et leurs programmes de mesures. Cette volonté d’agir pour améliorer la qualité des milieux naturels est relayée par les lois Grenelles 1 et 2. Longtemps fondée uniquement sur l’analyse de la composition physico-chimique, l’évaluation de la qualité des cours d’eau repose désormais également sur des composantes biologiques des écosystèmes aquatiques telles que les algues (diatomées), les macrophytes, les macro-invertébrés benthiques et les poissons. Parmi ces indicateurs potentiels, les poissons constituent de véritables intégrateurs de la qualité des eaux et, plus largement, du fonctionnement des milieux aquatiques en raison de leur position au sommet de la chaîne alimentaire. Dès 1990, le Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne (SIAAP) s’est assuré du concours du Conseil supérieur de la pêche (dont les attributions furent intégrées par la suite au sein de l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques Onema) et a effectué un suivi du peuplement piscicole de la Seine autour de l’agglomération parisienne. La prospection a été effectuée sur huit usines, d’amont en aval de Paris, suivant l’échantillonnage ponctuel d’abondance par pêche électrique. Ce travail a été complété par l’analyse du niveau de contamination des chairs de deux espèces de poissons (gardons et anguilles) pour trois familles de micropolluants (métaux, PCB et pesticides). La mesure du biomarqueur « EROD » a complété le dispositif de suivi. Les résultats obtenus sur une chronique de 23 années montrent une augmentation du nombre d’espèces présentes en Seine de 14 (1990) à 21 (2013) ; le nombre total d’espèces recensées sur cette période étant de 32. Et plus globalement, une modification de la population de la Seine apparaît sur cette période de 23 années avec l’augmentation d’une population principalement peu exigeante et l’apparition d’une population plus sensible. On observe ainsi une augmentation du nombre d’individus chez les espèces telles les ablettes et les chevesnes et une présence plus soutenue d’espèces telle la grémille, le chabot ou le sandre, colonisant lentement le milieu. Bien que l’indice poisson rivière tende à montrer une bonne qualité des eaux, les mesures de polluants dans les chairs ont permis de mettre en exergue un dépassement des normes de qualités environnementales pour le mercure et les PCB indicateurs.
Evolution du peuplement piscicole de la Seine de 1990 à 2013
Techniques Sciences Méthodes - Numéro 7/8
2015