Les fibres anthropiques sont abondamment présentes dans notre quotidien. Elles peuvent être naturelles, artificielles (cellulose régénérée) ou synthétiques (formées de matériaux pétrochimiques). Leur omniprésence conduit inévitablement à une contamination élevée dans l’environnement. Les études portant sur les microplastiques examinent toutes les particules de plastique de taille inférieure à 5mm, quelle que soit leur forme. Cette étude a pour objectif de se concentrer exclusivement sur les fibres, sachant que ces dernières sont ubiquistes et représentent un risque d’ingestion plus élevé par les organismes. Elle vise ainsi à fournir des premières idées sur les concentrations, flux, variabilités et répartitions spatiales des fibres en rivière. Un filet à maillage de 80μm est utilisé pour l’échantillonnage. Dans un premier temps, la variabilité temporelle à court terme des fibres en rivière a été déterminée. Lors d’un prélèvement d’une minute, un coefficient de variation de 45% (n= 6) a été obtenu alors qu’il passe à seulement 26% (n= 6) lors d’un prélèvement de 3 minutes. La répartition des fibres le long de la section de la rivière a aussi été identifiée et montre une possible différence des concentrations entre les berges et le centre. Cela étant, une absence de stratification verticale des concentrations a été observée. Un suivi mensuel des fibres a permis d’estimer une concentration moyenne de 100,6 ± 99,9 fibres/m3 dans la Marne, ainsi que des concentrations de 48,5 ± 98,5, 27,9 ± 26,3, 27,9 ± 40,3 et 22,1 ± 25,3 fibres/m3, sur quatre points de la Seine, en allant de l’amont vers l’aval. Des flux de fibres ont été estimés à partir de ces concentrations, mais aucun impact significatif de l’agglomération parisienne n’a pu être mis en évidence. La présence de puits encore non étudiés, tels que la sédimentation, est suspectée. À ce stade, seules des hypothèses peuvent être formulées pour expliquer nos observations, compte tenu de la faible compréhension des processus régissant les concentrations en fibres. Cette étude est la première à examiner les fibres à l’exclusion des autres types de microplastiques. Elle représente ainsi un premier pas vers une compréhension plus poussée du comportement de ce nouveau type de contaminant en milieu naturel.
Microplastiques en Seine dans l’agglomération parisienne : étude des variations spatiales et temporelles des fibres anthropiques synthétiques et artificielles
Techniques Sciences Méthodes - Numéro 5
2018