Microplastiques en Seine dans l’agglomération parisienne : étude des variations spatiales et temporelles des fibres anthropiques synthétiques et artificielles

R. DRIS, J. GASPERI, V. ROCHER, B. TASSIN Techniques Sciences Méthodes - Numéro 5 2018

Les fibres anthropiques sont abondamment présentes dans notre quotidien. Elles peuvent être naturelles, artificielles (cellulose régénérée) ou synthétiques (formées de matériaux pétrochimiques). Leur omniprésence conduit inévitablement à une contamination élevée dans l’environnement. Les études portant sur les microplastiques examinent toutes les particules de plastique de taille inférieure à 5mm, quelle que soit leur forme. Cette étude a pour objectif de se concentrer exclusivement sur les fibres, sachant que ces dernières sont ubiquistes et représentent un risque d’ingestion plus élevé par les organismes. Elle vise ainsi à fournir des premières idées sur les concentrations, flux, variabilités et répartitions spatiales des fibres en rivière. Un filet à maillage de 80μm est utilisé pour l’échantillonnage. Dans un premier temps, la variabilité temporelle à court terme des fibres en rivière a été déterminée. Lors d’un prélèvement d’une minute, un coefficient de variation de 45% (n= 6) a été obtenu alors qu’il passe à seulement 26% (n= 6) lors d’un prélèvement de 3 minutes. La répartition des fibres le long de la section de la rivière a aussi été identifiée et montre une possible différence des concentrations entre les berges et le centre. Cela étant, une absence de stratification verticale des concentrations a été observée. Un suivi mensuel des fibres a permis d’estimer une concentration moyenne de 100,6 ± 99,9 fibres/m3 dans la Marne, ainsi que des concentrations de 48,5 ± 98,5, 27,9 ± 26,3, 27,9 ± 40,3 et 22,1 ± 25,3 fibres/m3, sur quatre points de la Seine, en allant de l’amont vers l’aval. Des flux de fibres ont été estimés à partir de ces concentrations, mais aucun impact significatif de l’agglomération parisienne n’a pu être mis en évidence. La présence de puits encore non étudiés, tels que la sédimentation, est suspectée. À ce stade, seules des hypothèses peuvent être formulées pour expliquer nos observations, compte tenu de la faible compréhension des processus régissant les concentrations en fibres. Cette étude est la première à examiner les fibres à l’exclusion des autres types de microplastiques. Elle représente ainsi un premier pas vers une compréhension plus poussée du comportement de ce nouveau type de contaminant en milieu naturel.

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