Comportement des substances prioritaires sur les ouvrages de traitement des eaux usées : cas de la décantation lamellaire et de la biofiltration.

V. ROCHER, J. GASPERI, S. AZIMI, S. GILBERT, C. PAFFONI Techniques Sciences Méthodes - Numéro 3 2011

Cet article présente les résultats obtenus lors des expérimentations menées sur l’usine d’épuration Seine centre (Colombes, 800 000 équivalent/habitant) du Syndicat interdépartemental de l’assainissement de l’agglomération parisienne (SIAAP). Il apporte des éléments sur les niveaux de contamination des eaux résiduaires urbaines en substances prioritaires et, surtout, sur le comportement de ces micropolluants sur des procédés de traitement largement employés en France : les décanteurs physico-chimiques lamellaires et les unités de biofiltration. Sur les 88 substances recherchées, 39 substances ont été fréquemment dosées dans les eaux usées à des niveaux de concentration très variables ; les métaux lourds (Zn, Cu et Pb) et le di(2-éthylhexyl) phtalate (DEHP) étant présents à des niveaux de concentration largement supérieurs aux autres molécules. Le traitement des eaux par décantation élimine de manière relativement efficace les éléments métalliques. Dans le cas des polluants organiques, les abattements sont très variables d’une molécule à l’autre, en fonction de leur hydrophobicité. Ainsi, les polluants dont le log Kow est inférieur à 4 ne sont que légèrement éliminés par la décantation (rendement d’élimination < 20 %) alors que les polluants présentant un log Kow supérieur à 5 sont très fortement éliminés (rendement d’élimination comparable à celui des particules, soit ≈ 80 %). Les unités de biofiltration éliminent également de façon hétérogène les micropolluants : les composés hydrophobes ou volatils ont tendance à être éliminés sur les biofiltres, alors que les composés hydrophiles et peu volatils franchissent la barrière du traitement biologique en étant peu ou pas abattus. Globalement, sur les 39 polluants initialement détectés dans les eaux prétraitées, seuls 20 composés ont été mesurés dans les eaux rendues au milieu naturel, les concentrations les plus importantes ayant été notées pour le zinc et le DEHP suivis du chloroforme, du tri- et tétrachloroéthylène et du nonylphénol. Il convient de souligner que les pesticides, molécules hydrophiles et réfractaires, franchissent la barrière de l’usine d’épuration sans être éliminés.

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